À Roubaix, le street art s’écrit en temps réel
Publié le 1 juillet 2025|

URBX 2025 transforme Roubaix en musée à ciel ouvert avec des fresques monumentales signées par des artistes de renommée mondiale, comme, Daltes & Salgos, Judith de Leeuw, Bruno Desplanques et bien d'autres.
À Roubaix, le street art n’est plus un événement ponctuel , c’est devenu un langage à part entière. Avec le temps, les fresques s’accumulent, dialoguent entre elles, changent le visage de la ville. À l’occasion de la quatrième édition du festival URBX, quatre interventions artistiques sont venues enrichir l’espace public. Pas de discours grandiloquent ni de volonté d’en mettre plein la vue, ces œuvres s’inscrivent dans le tissu urbain, à hauteur de mur.
Cette année, plusieurs artistes ont été invités à laisser une trace durable, aux côtés des fresques déjà présentes dans la ville. Judith de Leeuw, Bruno Desplanques, le duo Daltes & Salgos et le collectif Plateau 112 (dans une carte blanche au Bowling Cosmos) ont tous, à leur manière, contribué à redessiner une partie de Roubaix. Leurs œuvres ne sont pas là pour enjoliver, mais pour faire exister autre chose dans le paysage.
Sur une façade de maison, Judith de Leeuw (JDL) a laissé une fresque monumentale. Originaire d’Amsterdam, l’artiste travaille un style hyperréaliste, souvent centré sur des figures humaines et des émotions profondes. À Roubaix, elle a composé une image percutante, la Statue de la Liberté, visage enfoui dans ses mains. Une figure universelle, détournée et puissante. L’œuvre frappe par sa densité émotionnelle. Elle parle de fatigue, d’impuissance, de dignité tombée peut être.
La fresque se découvre au détour d’une rue, presque par surprise. Comme un arrêt, une respiration dans le flux urbain.
De l’autre côté de la ville, sur le parking de L’Usine, le duo Daltes & Salgos a signé une fresque dense et expressive. Réalisée sous un soleil éclatant, elle s’étend en largeur, s’ancre dans le sol et capte les aspérités du mur. La place de parking s’est muée en atelier, le temps de la création.
Leur composition laisse apparaître une végétation urbaine, des feuilles géantes surgissant d’une trame grise et fragmentée, un hommage visuel aux friches industrielles de Roubaix. En son centre, un « ROUBAIX » net, tranchant, en lettres blanches, structure l’ensemble. Chez le duo, l’image ne se donne pas d’un seul bloc : elle se lit par strates, absorbe le lieu, ses matières, ses défauts. Ici, le mur ne sert pas simplement de support, il participe pleinement à l’œuvre.
Plus tôt dans le mois, Bruno Desplanques a installé sur un mur de briques rouges une œuvre flottante. Quatre grands panneaux imprimés, comme suspendus sur la façade, composent une image fragmentée de nature : des arbres, du ciel, des reflets. Ce n’est pas une fresque au sens classique, mais une image à recomposer, où l’abstraction se mêle au réel.
Réalisée en partenariat avec lille3000, cette installation trouble le regard. Elle demande qu’on s’arrête, qu’on observe, qu’on se décentre un peu. Ce léger décalage suffit à changer notre manière de voir un mur, une rue, un quartier.
L’ancien Bowling Cosmos, a rouvert ses portes pour une carte blanche confiée au collectif Plateau 112. De 19h à minuit, le lieu s’est transformé : fresques réalisées en direct, installations, graffs. Pas de thème, pas de consigne. Juste une mise à disposition d’un espace vide, laissé aux mains des artistes.
Cette soirée a montré que le street art ne se limite pas à des fresques “installées”. Qu’il peut aussi être temporaire, mouvant, spontané. Et que les friches, les lieux en attente, sont encore nombreux à Roubaix.
Le parcours dé’part urbain enrichi de 7 nouvelles oeuvres !
Pour le dé’part urbain, de nouvelles fresques viennent d’apparaître sur les murs du parking de la gare. Ce lieu brut, traversé par les échos des trains et la lumière du jour, s’est transformé en espace de création improvisé.
Djalouz, Cofee, Korse, Kogaone et Prooz y ont réalisé des œuvres, chacun apportant son univers propre. Petite Poissone est intervenue avant eux, tandis que a2salab viendra compléter le tout en septembre.
Une fresque collective signée Djalouz, Cofee, Korse, Kogaone et Prooz s’impose également sur les murs, fruit d’un travail commun entre les cinq artistes aux univers marqués et distincts. Dans cette ambiance faite de musique, de bombes qui crépitent et de mouvements constants, le parking devient atelier à ciel ouvert. À la fin de la session, 38 œuvres auront vu le jour.
Dans cet entrelacs de béton et de lumière, une fraîcheur inattendue s’installe. Ici, l’art circule comme un petit courant d’air, il prend place sans forcer, il fait respirer le béton.
Le street art à Roubaix n’est pas un effet de mode. Il s’installe, doucement, dans le paysage. Pas comme décoration, mais comme un moyen de raconter, de souligner, d’ouvrir des fenêtres dans le béton. Les fresques produites cette année ne cherchent pas à s’imposer. Elles s’intègrent, elles laissent place au doute, à l’interprétation. Et c’est peut-être ça qui fait leur force. Roubaix ne se transforme pas. Elle se montre autrement.
Envie de les voir en vrai ? Suivez la trace des artistes à travers la ville :
Judith de Leeuw : 56 rue du chemin de fer, Roubaix
Bruno Desplanques : Maison Verte – Place Claudel, Roubaix
Daltes & Salgos : Parking de l’usine, Roubaix
Le collectif plateau 112 : l’ancien Bowling Cosmos
Djalouz, Cofee, Korse, Kogaone, Prooz, Petite Poissone et a2salab : Parking de la gare, Roubaix
