Un parcours de rédemption

Né dans une cité sensible de la région parisienne, Yazid Kherfi plonge très tôt dans la délinquance et se retrouve à plusieurs reprises en prison. « J’ai grandi avec la violence comme moyen d’expression », explique-t-il. Sa rencontre avec des travailleurs sociaux et son désir de rompre avec son passé de délinquant le décident à prendre un tournant radical pour se réinsérer dans la société, en œuvrant pour les jeunes en difficulté.

Il se forme alors à la médiation et décroche un master en prévention des violences urbaines. Depuis, il multiplie les interventions pour partager son expérience et sensibiliser sur les dangers de la criminalité. Son credo : montrer que même après des erreurs de parcours, il est possible de se reconstruire.

Médiation Nomade : un concept novateur

C’est en 2011 que Yazid Kherfi fonde « Médiation Nomade », un dispositif qui consiste à installer un camion aménagé dans les quartiers pour créer un espace de dialogue avec les jeunes. Ce camion, souvent stationné le soir ou tard dans la nuit, devient un lieu de rencontre où la parole est libre et bienveillante.

Le dispositif a déjà visité Roubaix à plusieurs reprises, notamment dans le quartier de l’Alma, toujours avec beaucoup de succès et d’échanges autour de la rénovation urbaine. En ce mois d’octobre 2024, les rencontres étaient organisées dans les quartiers Est et Ouest de la ville.

Pour Yazid Kherfi, l’objectif est de se rapprocher des jeunes là où les institutions traditionnelles ont parfois des difficultés à établir le contact. « Je vais à leur rencontre, sur leur territoire, sans les juger, pour leur montrer qu’ils peuvent être écoutés et entendus », souligne-t-il. En s’installant au cœur de la vie nocturne des cités, là où les tensions sont souvent les plus fortes, il crée des moments de discussion qui permettent de désamorcer les conflits avant qu’ils ne dégénèrent.

Une approche humaine et pragmatique

Ce qui fait la force de la démarche de Yazid Kherfi, c’est son authenticité. Ayant lui-même traversé les épreuves de la violence et de l’exclusion, il parle aux jeunes avec beaucoup de franchise qui force le respect. Son expérience de la rue et des systèmes carcéraux lui permet d’avoir une forte légitimité.

Au-delà de son propre vécu, Yazid Kherfi mise avant tout sur l’écoute et la co-construction de solutions. Il refuse d’imposer une autorité ou une morale extérieure, préférant laisser les jeunes exprimer leurs frustrations et leurs espoirs. « L’important, c’est de recréer du lien, de redonner de l’espoir et même de l’amour », affirme-t-il.

Crédit Photo : Anais Gadeau , service Communication, ville de Roubaix