La protection de l’enfance est forcément un sujet qui lui tient à cœur. De sa voix douce et posée, elle nous explique que toute sa carrière a été tournée vers l’enfance et en particulier la petite enfance en difficulté.

« J’ai fait des études d’infirmière complétées par un diplôme de puéricultrice car je voulais absolument travailler avec des enfants. J’ai démarré ma carrière à la pouponnière de Lille en tant que puéricultrice en 1985. » Une pouponnière, déjà. Un passage en accueil « mères-enfants » où Valérie rencontre des mamans avec des parcours très compliqués avant de retrouver une pouponnière, celle de Roubaix qui recherche une directrice adjointe. « Je souhaitais élargir mon expérience professionnelle et revenir vers les bébés » explique-t-elle. La pouponnière Boucicaut a un fonctionnement un peu particulier puisqu’elle est financée par le Département (qui a la compétence de la protection de l’enfance) mais gérée par le Centre Communal d’Action Sociale. « On accueille une trentaine d’enfants âgés de quelques jours à trois ans qui sont placés à la suite d’une ordonnance judiciaire. Les enfants sont retirés de l’environnement familial pour des raisons socio-économiques ou des fragilités psychologiques. »

Bien-être et bienveillance

A la pouponnière Boucicaut, les tout-petits sont répartis entre cinq unités de vie 24 heures sur 24 et entourés d’un personnel compétent. Valérie gère une équipe de soixante professionnels qui se relaient nuit et jour auprès des enfants : auxiliaires de puériculture, infirmières, éducateurs, psychologues, médecins, assistants sociaux ainsi qu’une équipe technique et administrative.

Actuellement, elle travaille avec l’équipe éducative sur un projet d’aménagement d’un espace Snoezelen : « C’est un espace spécialement aménagé, éclairé d’une lumière tamisée et bercé d’une musique douce, un espace sensoriel et de bien-être » où les tout-petits peuvent se détendre, se poser dans une relation individualisée avec l’éducatrice. Un mécène s’est porté candidat pour soutenir financièrement le projet. »

Valérie a constaté une grosse demande d’accueil pendant le premier confinement et s’est adaptée en aménageant une nouvelle unité d’accueil en un temps record. Forcément, elle est touchée par les situations qu’elle rencontre. « Les séparations avec la famille, quelle qu’en soit la cause, c’est toujours violent. Des situations nous touchent plus que d’autres. Il faut trouver la bonne distance. Je n’aime pas le terme « se blinder » mais on apprend à ne pas se faire absorber émotionnellement » explique-t-elle. Elle avoue volontiers que « quand on sort d’ici on n’est pas indemne » mais qu’il faut savoir « couper » quand on « rentre à la maison ».

La fibre du service public

Valérie a élevé quatre enfants, quatre garçons qui ont aujourd’hui 23, 27, 34 et 35 ans. « Quand je rentrais à la maison, j’étais rattrapée par ma vie de famille et je n’avais plus le temps de penser au travail. » Quand ils ont commencé à grandir, Valérie s’est engagée dans sa commune. « Je suis issue d’une famille très engagée politiquement. J’aime cet investissement local. » Etre utile, voilà des mots qui reviennent dans sa bouche. Depuis 14 ans, elle est élue à Villeneuve d’Ascq en tant qu’adjointe… aux aînés ! Le contraste entre ses journées de travail et ses journées d’élue l’animent et apportent du sens à son existence. Le soir quand elle rentre de la pouponnière, elle s’occupe du bien-être des aînés. Réunions, traitement de dossiers, réponses à des demandes par mail, il n’y a pas beaucoup de temps morts dans l’emploi du temps de Valérie. Elle aime ça et a même transmis cet engagement et la fibre du service public à ses quatre garçons. « Deux d’entre eux sont pompiers volontaires par exemple » explique-t-elle. Elle a été surprise quand l’un de ses fils lui a demandé de le marier mais elle a accepté avec plaisir et beaucoup d’émotion !

Crédit Photos : Anaïs Gadeau, service Communication , ville de Roubaix