Quand il nous reçoit sur le site du Secours Populaire rue Turgot, Fabrice Belin nous prévient d’emblée : « Je ne sais pas ce que vous pourrez écrire sur moi. Il n’y a pas grand-chose à dire. » Déjà quand il a appris qu’il était promu au titre de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite, ce fut la surprise pour ce modeste pur et dur qui préfère l’ombre à la lumière. « Je ne pensais pas être légitime, dit-il avec une humilité non feinte, mais à la Fédération du Secours populaire, on m’a convaincu d’accepter car c’était l’occasion de valoriser l’association. » La cérémonie au Musée La Piscine le 13 juillet 2021 a permis en effet, non seulement de saluer l’engagement du Secrétaire général du « Secours Pop » roubaisien, mais aussi de remercier tous les acteurs de l’association, salariés, bénévoles, usagers également impliqués…

Militant pur souche

Le collectif, l’humain, c’est ce qui anime fondamentalement Fabrice Belin. Depuis toujours. Travail, engagement et solidarité, telles sont les valeurs avec lesquelles ce Calaisien de naissance, fils de docker devenu marin, s’est construit. Mais surtout sans sectarisme, par opposition plus ou moins consciente à son grand-père, « un vieux Stal », sous-entendu un Stalinien. « Mon parcours m’a appris l’ouverture. Il y a des bonnes et des mauvaises personnes partout », sourit le bonhomme aux lunettes qui ne sont pas sans rappeler celle d’un certain Trotsky.

« Je suis vaguement allé jusqu’en Terminale, évoque l’ancien membre de la Jeunesse étudiante catholique (JEC), produit revendiqué de l’éducation populaire. Je suis arrivé à Lille à 20 ans comme objecteur de conscience, et j’ai travaillé pour l’association ‘Les Pierres Vives’ qui accompagne les personnes en situation de handicap. » Son parcours, rythmé par l’engagement social, politique et associatif, le mène finalement à Roubaix, où il a travaillé notamment à la Ferme aux Loisirs.

Un Roubaisien au service des Roubaisiens

Roubaisien depuis 25 ans, Fabrice Belin, qui fut conseiller municipal puis adjoint au maire, de 2001 à 2014, aime sa ville : « Roubaix on aime ou on déteste. C’est une ville de contrastes, où règne une grande solidarité, même si j’ai le sentiment que les uns ne voient pas ou ne veulent pas voir la réalité que vivent les autres. »  L’homme aime répéter son credo : « Chacun peut agir pour les autres, même modestement, à son niveau. »

A l’origine de son engagement au Secours Populaire de Roubaix, la volonté de relancer, avec d’autres militants associatifs un mouvement dont les actions avaient décliné. Aujourd’hui, 8 000 familles sont inscrites dans le fichier de l’association, dont 4 000 sont « très actives ».

Générosité et solidarité tous azimut

Depuis sa prise de fonction en tant que Secrétaire général en 2010, le Secours Populaire a multiplié les actions de solidarité. Dans le contexte sanitaire inédit de ces derniers mois en particulier, il a fallu innover, expérimenter, se réinventer, s’adapter sans cesse. Installé sur son nouveau site juste avant le confinement, l’association roubaisienne a fait des miracles en termes d’approvisionnement et de logistique, distribuant jusqu’à 547 colis par jour. « Aujourd’hui, nous distribuons en moyenne 170 colis par jour, précise Fabrice Belin. Nous touchons des publics différents, comme les étudiants ou encore les aînés. » A Roubaix, mais aussi en Inde ou encore au Maroc, le Secours Pop’ vient en aide à ceux qui en ont besoin. Inlassablement. « Pour la première fois, on m’a demandé des bouteilles de gaz », s’étonne encore le Secrétaire général, qui regarde le conflit ukrainien et ses conséquences ici et là-bas avec lucidité. « On est dans la spontanéité du début, mais je m’attends à ce que la situation dure. Le Secours Populaire sera là en gestion de fond. » Il s’interrompt soudain. Son téléphone vient de vibrer et il doit vérifier s’il peut répondre, être utile. Encore.

[Photos : Anaïs Gadeau – Ville de Roubaix]