[Portrait] Cassandra Megariotis : les urgences ou rien
Publié le 23 février 2024|
Médecin urgentiste au Centre Hospitalier de Roubaix depuis 20 ans, Cassandra Megariotis s’y sent bien. Elle fait partie de l’équipe qui a mis en place un protocole de prise en charge des patients et patientes victimes de violences conjugales. Elle a engagé un combat pour protéger les femmes révélant des violences qui arrivent aux urgences.
Bio Express
26 février 1992 : Je reçois à Athènes le courrier d’admission à la fac de médecine de Lille si j’obtiens mon bac.
5 Mai 2003 : Marie-Anne Babé, alors responsable du service des Urgences propose à Cassandra un poste à l’issue de son stage, en tant qu’assistante.
5 mai 2023 : 20 ans aux Urgences de Roubaix
7 septembre 2023 : soutenance de mon mémoire sur « le rôle de l’employeur dans la prise en charge de salariés victimes de violences conjugales. »
Elle nous accueille, solaire, comme son pays d’origine : La Grèce. Son bac en poche, elle arrive directement du lycée français d’Athènes pour suivre ses études de médecine à Lille, au début des années 90. « Au départ, je pensais repartir en Grèce à l’issue de mes études. » Mais les études sont longues, et le Nord est accueillant. Lors de son dernier stage d’interne à l’hôpital Victor provo, elle a demandé à la cheffe de service des urgences, Marie-Anne Babé, un poste d’assistante car elle souhaitait rester à Roubaix. Et c’est ainsi qu’elle a été embauchée en mai 2003, dans la foulée de son internat !
20 ans aux urgences
Cela fait donc 20 ans que Cassandra poursuit sa carrière à Roubaix, et qu’elle s’y plaît.
« Je suis bien ici et je n’ai pas envie d’aller voir ailleurs. Un hôpital à taille humaine dans lequel j’ai tissé des relations parfois d’amitié avec certains collègues. » précise-t-elle. Pour Cassandra, le service public est sacré, J’ai fait médecine pour aider les gens, tous les gens. Le service public est une évidence ».
Toujours très aidante et empathique, l’urgentiste signale à son chef de service qu’elle souhaite se former à la prise en charge des victimes de violences conjugales. Il accepte qu’elle s’inscrive au diplôme universitaire d’approche pluridisciplinaire des violences conjugales à la faculté de droit de Lille, et il lui propose d’intégrer le groupe de travail dirigé par Stéphanie Béthencourt, assistante sociale, et constitué par des médecins, des assistantes sociales, des membres de la direction pour la rédaction d’un protocole hospitalier de prise en charge des victimes de violences conjugales.
Engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes
Le protocole mis en place depuis le début de l’année vise ainsi à écouter la victime qui rapporte des violences et à évaluer ses besoins ainsi que l’ampleur de l’emprise. Elle forme un binôme avec Stéphanie Béthencourt, et parcourt les services pour former les agents hospitaliers. « Aux urgences à Roubaix, on est face à un cas de violences conjugales tous les trois jours, c’est énorme ! Quand on pense qu’en France, une femme meurt sous les coups de son (ex) partenaire tous les trois jours également, ça fait froid dans le dos.
En parallèle un protocole de prise en charge des salariés de l’hôpital victimes de violences conjugales a été conçu. « Un groupe de travail pluridisciplinaire a été mis en place en interne pour accompagner les agents victimes de violences conjugales. Du nom de « Daphné », il fait référence à la nymphe qui se transforme en laurier pour échapper aux avances d’Apollon dans la mythologie grecque. » poursuit-elle. Il a déjà permis à cinq salariées de pouvoir obtenir de l’aide, dans le respect de l’anonymat et en toute confidentialité.
Quand elle n’est pas à l’hôpital, celle qui se définit comme « un peu speed » court régulièrement 10 kilomètres, « pour garder la forme ». Pour se détendre, elle fréquente les salles obscures et apprécie la lecture. Elle arrive à caser dans un planning « au millimètre » ces temps de repos pour revenir au travail avec ce sourire permanent qui la caractérise et une attitude toujours positive et dynamique. Et puis l’été, elle s’octroie une pause ensoleillée digne d’une carte postale dans son « autre » pays la Grèce. Là-bas, elle a toute sa famille, et profite de la période estivale pour la retrouver et se ressourcer. Et revient d’attaque pour affronter une nouvelle rentrée, être disponible pour les patients et travailler sur ses nouveaux projets, toujours motivée !
Ses coups de coeur
Le Musée La Piscine
« J’ai récemment vu la très belle expo Chagall, quel régal ! Avec une petite gaufre Meert après chaque visite, c’est mon petit rituel plaisir. »
Le Parc Barbieux
« Quel merveilleux parc urbain à deux pas de l’hôpital ! On a l’habitude de participer aux foulées de Ludopital entre collègues. »
Le Colisée
« J’apprécie sa programmation tout public, pas intello ni prise de tête mais néanmoins de grande qualité ! »
Crédit Photos : Anais Gadeau, service Communication, ville de Roubaix