Anne Locmant a 54 ans et si dans une autre vie elle a été, entre autres, institutrice à Roubaix, elle a été fortement marquée par toute l’énergie culturelle qui se dégage de la ville. Aujourd’hui, elle définit son travail comme celui d’une « artisane artiste » : « C’est important car il y a beaucoup d’artisanat mais je ne suis pas une artisane papetière », explique-t-elle.

Fabrication et création

Il y a deux phases dans son travail : celle de la fabrication du papier, chez elle dans son atelier « sale », puis celle de la création de ses œuvres, à la galerie dans son atelier « propre ». Anne fabrique le papier à partir de différents papiers qu’elle recycle mais pas seulement ! Elle travaille également avec du textile par exemple, comme en ce moment le bleu de travail. Le papier reste sa matière de prédilection car « c’est un matériau qui se recycle très bien, très facilement et avec peu d’outils. » En revanche, pour fabriquer du papier à partir de textile, elle a besoin d’une « pile hollandaise », une machine industrielle qui transforme le textile en pâte à papier. Ensuite, avec un tamis, elle fabrique des feuilles, elle obtient des bandes et les colle dans un contenant. « C’est un travail très répétitif et méditatif. J’aime beaucoup l’idée de transformer une matière « déchet » et construire une nouvelle réalité avec cette matière. »

Couleurs et clients multiples

Quant au choix des couleurs, si Anne les travaille toutes et si ses créations sont très joyeuses, elle a récemment découvert le noir lors d’une visite du musée Soulages, et apprécie de l’utiliser. Le rose aussi, même si ce n’est pas sa couleur préférée. Ses clients sont multiples et ses prix très variés : « Ce sont des gens qui apprécient la vibration de ce que transmettent les couleurs. Cela parle aux gens quand je parle de transformation et de nombre d’étapes. » Ils viennent de partout, de Roubaix mais aussi d’Angleterre !

Mais au fait, qu’est-ce que « Ceci n’est pas une piscine » ? Elle a remplacé il y a trois ans, « Ceci n’est pas une boulangerie ». C’est une galerie collective et autogérée qui réunit 12 artistes qui font vivre le lieu et accueillent les visiteurs. « Le collectif s’auto-soutient et s’auto-promeut. Chaque artiste s’engage pour six mois. Je suis très honorée de coordonner le lieu. » poursuit-elle.

Résilience et création

Son projet actuel avec la photographe et co-galleriste Sophie Mayeux, nommé « Résilience », a réuni 200 personnes issues d’associations comme le Secours Populaire ou Chœur de Femmes qui ont réalisé de grandes fleurs multicolores lors d’ateliers pratiqués à la Manuf, aux Trois Tricoteurs, au Couvent des Clarisses, à la Plus Petite Galerie du Monde ou Presque ou à la galerie Ceci n’est pas une piscine.

Début octobre, elle a également participé aux portes ouvertes des ateliers d’artistes et elle a reçu beaucoup de visites, « cela a été un très beau week-end artistique ! ».

Et si on lui parle loisirs, elle part dans un grand éclat de rire : « tout est lié : l’artistique c’est à la fois une passion, un loisir et un travail ». Ce qui est cependant certain, c’est qu’elle a besoin de choses qui la ressourcent : la mer et l’eau. Tout en précisant que quand elle part en vacances, la première chose qu’elle prépare c’est son sac pour pouvoir créer !