Quand on sort du salon de thé de Moniseur M, on a l’estomac bien rempli et le sourire bien large. Presque aussi large que le pâtissier qui concocte les pièges à gourmands : entremets trois chocolats ou spéculoos mousse au chocolat, éclairs à la pistache, cupcakes aux Oréos, tartelettes à la fraise ou à la framboise. De mon côté, j’ai voulu la jouer raisonnable et je me suis laissée tentée par un cake au citron. Bien mal m’en a pris : goût citronné présent, aucune amertume, glaçage parfait et léger… Accompagné en plus d’un thé à la menthe importé directement de Malaisie, autant vous prévenir : vous ne trouverez aucun point négatif dans ces lignes.
Les pâtisseries de Madjid Douali sont au moins aussi généreuses que lui. « En matière première, j’utilise le chocolat Valrhona. L’un des meilleurs qui puisse exister sur le marché, un produit de très grande qualité. Vous voulez goûter ? » Je vous laisse deviner ma réponse. « Fabienne, de la Fabrique aux délices à Roubaix va me confectionner une incroyable confiture. Et je fais également appel à un artisan de la région pour des jus de pomme et autres ». Chez Monsieur M, la déco est soignée et tendance : ça aide pour entrer dans le salon. Mais ce sont bien les douceurs qui font rester.

A 50 ans, Madjid a pris la décision d’entamer une formation de pâtissier dans le cadre d’une reconversion : bye bye l’impression, bonjour les macarons. « Je suis un gourmand de nature, j’ai toujours aimé faire des gâteaux. Quand j’ai vu que dans la famille ça partait bien, je me suis dit : pourquoi pas ? » Et il a plutôt très bien fait de passer un CAP pâtisserie puis une mention complémentaire en glacier, chocolatier et confiseur. « A 50 ans, se remettre aux maths, au français, aux langues, ça donne des situations marrantes : le dimanche soir, ce sont mes enfants qui m’aidaient à faire mes devoirs », rigole-t-il encore.
Je ne résiste pas à l’envie de passer de l’autre côté du comptoir en bois et en marbre pour entrer dans les coulisses : grand plan de travail impeccable, immense frigidaire, plaques de cuisson étincelantes, cercles à gâteau rangés par taille, poches à douille prêtes à l’emploi. A quelques minutes de l’ouverture de la boutique, rien ne traîne. Et Madjid passe de poste de travail aux frigos pour me faire goûter un parfait aux fruits de la passion qui servira à une bûche, un chocolat au lait à en tomber à la renverse, et à me faire sentir un thé envoûtant. « Pourtant, je ne suis pas très thé, avoue-t-il, je suis plus café. Mais ce thé là… » En réalité, c’est son beau-fils, Abdelrani Pujol, qui a le goût du thé. « Nous nous sommes associés pour ouvrir cette boutique : je m’occupe du magasin et de la cuisine, il se charge du côté administratif et de la communication. » L’un maîtrise les produits et l’autre maîtrise les tendances. « Si ma petite affaire fonctionne bien, j’en ouvrirais, pourquoi pas, une autre à Tourcoing, projette-t-il. Mais pour le moment, je me fais plaisir, et si je peux continuer à acheter mes matières premières et à en vivre, ce sera parfait. Mon professeur me disait « dans ce métier, il ne faut pas être trop gourmand (sic) mais faire les choses petit à petit. » D’ailleurs, cette petite tartelette au chocolat, là, dans la vitrine…