Un « Roubaisilien » dans le tempo de la capoeira

Même si Ilyès se définit comme « Roubaisilien », tant il est imprégné de culture brésilienne, le jeune homme de 24 ans est avant tout enfant de Roubaix où il est né, a grandi et où il travaille. C’est d’ailleurs dans l’association roubaisienne ESCOLA capoeira au Pôle Ressources Jeunesse Deschepper qu’il découvre la capoeira au cours de ses années lycéennes à Saint-Rémi : « J’ai immédiatement accroché à cet art martial qui mêle expression corporelle et lutte. Très vite cette activité est devenue une passion qui fait partie de ma vie. » Après un Bac littéraire, Ilyès préfère les langues appliquées à la Prépa lettres que lui conseillent ses professeurs. « Étudier les langues et notamment le portugais me permettait de me rapprocher le plus de la culture brésilienne et de comprendre l’histoire de ce pays où est née la capoeira. » Un voyage au Brésil où Ilyès a pu intégrer une école de capoeira lui a permis de s’initier auprès de professionnels reconnus et de plonger au cœur des racines de cet art martial.

Un service civique comme tremplin vers l’emploi

Sa licence de langues en poche, le jeune homme obtient un Service Civique au sein de la Mission locale. Au contact d’un public souvent en grande difficulté, Ilyès anime différents ateliers autour de thèmes variés comme la fraternité et la tolérance, le sport et le bien-être mais aussi l’éducation et le vivre-ensemble. « J’aime transmettre des savoirs, conseiller les jeunes et leur permettre ainsi de reprendre confiance en eux et devenir acteurs de leur vie. » D’ailleurs sous l’impulsion de leur animateur, de jeunes Roubaisiens ont organisé des maraudes pour les plus démunis. « Souvent les jeunes en difficulté baissent les bras. Il suffit de leur montrer qu’ils peuvent agir et faire des choses formidables pour qu’ils se sentent valorisés et aient envie de progresser dans leur vie. Ces maraudes durant les fêtes de Noël leur ont donné l’occasion de s’investir pleinement dans leur ville en menant des actions concrètes. » Aider les autres est une seconde nature chez Ilyès, aussi celui-ci partira au Portugal avec cinq jeunes de la Mission locale pour prêter main forte à une association sur place qui vient en aide aux enfants dans la précarité.

Durant son Service Civique, Ilyès a pu mettre à profit sa passion et son savoir-faire de la capoeira auprès de différentes structures et publics roubaisiens. Ainsi pour les jeunes ados, le jeune homme mêle chants en portugais, histoire et apprentissage, quand il s’adresse aux enfants en bas âge Ilyès insiste sur le rythme et la musique, pour les personnes en situation de handicap, le capoeiriste a développé des mouvements adaptés. Quant aux seniors, ils retrouvent souplesse et joie de vivre. « La capoeira est une philosophie de vie, elle aide à se dépasser et à développer sensibilité, altruisme et bienveillance. » Initié à cette pratique par son professeur devenu son mentor, Ilyès pourrait évoquer des heures durant cet art martial afro-brésilien né au XV^e siècle durant la colonisation. « Initialement, la capoeira était un art martial déguisé en danse inoffensive qui permettait aux esclaves de se défendre, de fuir leurs maîtres, mais aussi se distraire. Très longtemps interdite, la capoeira a été légalisée en 1937, elle fait désormais partie intégrante de la culture brésilienne. » Pour Ilyès, la capoeira est un vecteur qui permet de « s’ouvrir à soi et ainsi s’ouvrir aux autres. »

La multiplicité de ses projets et la volonté d’Ilyès aujourd’hui en contrat d’avenir à la Mission locale a de quoi surprendre. Le jeune homme au regard franc nous précise qu’avant son Service Civique, il était dans une période de flottement, mais que la pratique de la capoeira et sa mobilisation auprès des jeunes, lui ont permis de trouver sa voie. « J’espère que mes actions donneront envie aux jeunes de s’engager dans leur ville. Roubaix regorge de citoyens talentueux, il faut leur faire confiance. »