Groupe : Roubaix respectée – Mars 2017
Publié le 27 février 2017|
La politique de la ville un échec ?
Les événements d’Aulnay remettent sous les feux des projecteurs la politique de la ville, un thème il est vrai peu présent jusqu’ici dans les programmes des candidats à l’élection présidentielle. Pour les uns, ceux-ci signent l’échec d’une politique menée à grands renforts de moyens ces dernières années (sentiment partagé par des hommes de droite comme de gauche, comme Malek Boutih député PS de l’Essonne). Pour les autres, le jugement est nettement plus nuancé, s’ils admettent une complexité de la politique de la ville, des résultats en demi-teinte sur l’image des quartiers concernés et la vie de leurs habitants, ils en récusent l’image de ghettos et de zones de non droit. Les diagnostics et analyses d’experts, les propos sans concession de maires de quartiers en politique de la ville, pointent pourtant une situation plus que préoccupante. Au moins dans trois domaines. Celui des rapports entre les jeunes et la police. Aulnay prend place dans une longue série d’incidents de plus en plus violents sur fond de trafics en tout genre et d’abandon d’une police de proximité au bénéfice de groupes. Celui des difficultés de l’accès à l’emploi qui trouve son origine dans un décrochage scolaire en progression. Quand s’y ajoutent les problèmes bien réels de discrimination, les chances de s’en sortir s’en trouvent diminuées. Celui, enfin, de la remise en cause de la présence et de la qualité des services publics.Nous ne dirons jamais que la politique de la ville a été un échec. La grande pauvreté est liée à son histoire de ville industrielle en constante mutation. Il y a des raisons d’espérer quand on voit la richesse des initiatives de ses habitants et leur capacité de solidarité. Le défi qui lui est posé pour l’avenir est de mettre en pratique ce qui lui a manqué en partie : celui d’articuler les actions sur le bâti avec la place de l’emploi, l’éducation, la santé ou la culture, le plus sûr moyen de lutter contre les phénomènes de repli et de ségrégation. Raison de plus pour que Roubaix redouble d’effort, reste lucide et ne reste pas sur un projet en décalage avec la réalité.
Marjolaine Pierrat-Ferraille, Pierre Dubois, Arnaud Verspieren,
Tonino Macquet, Mehdi Massrour, Dominique Pelletier
pour le groupe “Roubaix respectée”