Groupe Roubaix en commun – Octobre 2025
Publié le 25 septembre 2025|

Le logement à Roubaix : une urgence sociale et sanitaire
À Roubaix, la crise du logement incarne une double urgence : sociale et sanitaire. Marquée par un parc immobilier ancien et dégradé, la ville fait face à une concentration de logements précaires, notamment dans le secteur privé. La DREAL estime que 8 % des logements privés dans le Nord seraient potentiellement indignes. Roubaix concentre près du quart (24 %) des signalements d’insalubrité faits dans le département en 2022. Pourtant, le Service Communal d’Hygiène et de Santé (SCHS), en première ligne face à ces si-tuations, ne dispose que de moyens restreints.
La rénovation urbaine se fait dans un climat de défiance. Le Nouveau Programme de Renouvellement Urbain (NPRU) prévoit la démolition de centaines de logements, dont la plupart pourraient être réhabilités selon la majorité des experts. Faute de concertation, les tensions montent. La destruction de logements sociaux accentue la pénurie, sans traiter les causes structurelles de la précarité qui l’accompagnent.
À l’Epeule, la fermeture récente du centre social Nautilus renforce un sentiment d’abandon des habitants. Partout, les conditions de logement dégradées ont un impact direct sur la santé des habitants, sauf justement dans les logements promis à démolition par la ville ! Une approche curative ne suffit plus.
Face à cette crise, nous appelons à un changement de cap et proposons une stratégie fondée sur la dignité, la concertation et la prévention. Il faut renforcer les moyens du SCHS en élargissant ses permanences et en créant des brigades mobiles de prévention. Des médiateurs santé-habitat doivent être intégrés dans les quartiers prioritaires. Le NPRU doit devenir un véritable projet participatif. Les démolitions contestées à l’Alma doivent être suspendues au profit d’une réhabilitation ambitieuse.
Les subventions publiques, notamment celles de l’ANRU, doivent être conditionnées à des engagements contre la gentrification. L’habitat participatif doit être soutenu par un fonds municipal d’ingénierie. Les friches urbaines peuvent devenir des zones d’innovation citoyenne. Un guichet unique réunissant juristes, architectes et associations à la Maison de l’Habitat faciliterait l’accompagnement des propriétaires précaires, qui doivent pouvoir bénéficier de diagnostics techniques gratuits. Enfin, il est urgent d’imposer un moratoire sur les démolitions de logements sociaux. La ministre Madame Létard a récemment annoncé la prolongation des délais pour la révision des projets : Roubaix doit en profiter !
Notre ville ne manque ni de ressources ni de savoir-faire, mais d’une volonté politique forte. Il est temps de re-mettre les habitants – et non les bulldozers – au centre de la rénovation urbaine.
Karim AMROUNI, Nadia BELGACEM, Christiane FONFROIDE,
Dogan KACMAZ et Sadia PAMART, Présidente du groupe
Roubaix en commun
