Le revenu de solidarité active (RSA) assure aux personnes sans ressources un niveau minimum de revenu qui varie selon la composition du foyer.
Sa réforme suscite un large débat : pour ou contre, les arguments ne manquent pas.
L’une des mesures phares du projet réside dans l’obligation pour les bénéficiaires de s’engager dans un parcours d’insertion, incluant un nombre d’heures d’activité par semaine. C’est la conditionnalité de l’allocation.
Pour certains, en effet, le RSA, dans sa version actuelle, n’inciterait pas suffisamment au retour à l’emploi. En intégrant des obligations d’activité ou de formation, la réforme pourrait encourager les bénéficiaires à développer des compétences et à s’insérer plus facilement dans le marché du travail. Elle améliorerait donc l’insertion professionnelle, simplifierait les démarches administratives, jusque-là trop complexes, et permettrait à tous ceux qui sont éligibles d’être informés de leurs droits. Les mêmes avancent l’argument lié à la rationalisation des dépenses publiques.
Pour les détracteurs du projet, la conditionnalité accrue pourrait stigmatiser les bénéficiaires, les faisant apparaître comme responsables de leur précarité. Les personnes éloignées de l’emploi pourraient être pénalisées par une réforme trop rigide, qui ne tiendrait pas compte des situations individuelles, et cette catégorie de bénéficiaires est surreprésentée à Roubaix.
Fin 2023, le département du Nord comptait environ 90000 bénéficiaires du RSA. A elle seule, Roubaix en comptabilise près de 10000! Le choix de notre ville comme territoire d’expérimentation prend tout son sens : nous avons – hélas ! – un contexte socio-économique plus que préoccupant, avec un taux de chômage élevé et une proportion significative de personnes en situation de précarité.
Si 98% des bénéficiaires du RSA sur le secteur de Roubaix semblent déjà être inscrits à France Travail, l’expérimentation d’une telle réforme n’est pas aisée.
A Roubaix, elle doit notamment s’articuler avec le dispositif Territoire Zéro Chômeurs.
A l’évidence, dans une ville où les bénéficiaires du RSA sont si nombreux, la question des moyens, matériels et humains, se pose avec acuité. La synergie avec l’ensemble des outils financés par la ville en faveur de l’insertion des publics éloignés de l’emploi devrait être organisée.
Prenons garde à ne pas compliquer encore ce qui, aux yeux de tous, doit être simplifié et demeurer un droit.
« Tout être humain qui, en raison de son âge, de son état physique ou mental, de la situation économique, se trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence » Article 11, Préambule de la Constitution de 46.

Karim AMROUNI, Nadia BELGACEM, Christiane FONFROIDE,
Dogan KACMAZ et Sadia PAMART, Présidente du groupe
Roubaix en commun