Un enfant de Roubaix devenu figure du socialisme municipal

Né à Roubaix le 24 octobre 1878 dans une famille ouvrière, Jean Lebas grandit au cœur des réalités sociales les plus dures. Très tôt sensibilisé aux injustices, il adhère à 18 ans au Parti Ouvrier Français, puis rejoint la SFIO lors de la réunification socialiste.

En 1912, à seulement 33 ans, il devient maire de Roubaix. Il y déploie un véritable « socialisme municipal » : développement de logements ouvriers, création de dispensaires, lutte contre la tuberculose, amélioration de l’hygiène publique, inspection médicale scolaire, fonds municipal de chômage… Son action transforme profondément les conditions de vie des Roubaisiens.

Élu député en 1919, Jean Lebas étend son engagement à l’échelle nationale. En 1936, il devient ministre du Travail dans le gouvernement de Léon Blum. Il participe alors à des réformes historiques :

• semaine de 40 heures,
• premiers congés payés,
• développement des assurances sociales
• conventions collectives.

Il occupe ensuite le portefeuille des PTT en 1937–1938. Son action marque durablement l’histoire sociale de la France.

Résistance et déportation

Dès 1940, Jean Lebas refuse l’assujettissement au régime de Vichy et s’engage pleinement dans la Résistance. Il contribue à la refondation de la SFIO clandestine et lance le journal L’Homme libre. Le 21 mai 1941, il est arrêté par la Gestapo avec plusieurs membres de sa famille. Après plusieurs mois d’incarcération en France, Belgique et Allemagne, il est condamné à trois ans de travaux forcés puis envoyé au camp de Sonnenburg, où il meurt le 10 mars 1944.

En 1951, ses cendres sont rapatriées à Roubaix, où un monument et plusieurs lieux (avenue, collège, équipements publics) perpétuent sa mémoire.

Un hommage citoyen et pédagogique

L’hommage rendu ce vendredi 28 novembre 2025 s’inscrit au cœur de ce devoir de mémoire. Au-delà de la pose du Stolperstein, les élèves de 3ᵉ du collège Jean-Baptiste Lebas, accompagnés par l’association Les Amis de Jean-Baptiste Lebas, ont réalisé une exposition et des podcasts retraçant son parcours. Après la lecture de ses dernières lettres, ils ont inauguré une nouvelle salle culturelle “Jean-Baptiste Lebas” au sein de leur établissement.

Crédit Photos : Stolpersteine Nord Pas de Calais