Un an ça rime avec bilan et Ismaël se prête au jeu, modestement. « J’ai beaucoup moins fait que ce que j’aurais espéré. La CP, c’est un lieu multiple. Un lieu de diffusion et de production culturelle mais pas seulement. C’est également un endroit de partage, où les visiteurs peuvent juste venir se poser et échanger. C’est un gros axe de travail. » Son credo, c’est de ne pas forcément tout prévoir, pour laisser les gens s’approprier le lieu pour que chacun ose y rentrer. Selon lui, il faut savoir inspirer, proposer des expériences, construire une programmation avec tous les partenaires et « laisser les gens faire. » Les effets commencent à se faire sentir, les usages se diversifient, « et ce n’est que le début, il reste beaucoup de choses à libérer ! », précise Ismaël.

Des publics éclectiques

La Particularité de la CP, c’est aussi d’agréger plein de publics différents, « On est le deuxième lieu culturel le plus fréquenté de Roubaix après La Piscine avec une vraie diversité sociale et géographique». S’il devait définir la CP, il la qualifierait de « Fabrique Créative », car « ici il n’est pas question que d’art, même s’il est central ». Artisanat, bricolage, réflexion sur l’utilisation de son temps libre y ont également toute leur place.

Un mois typique en termes de programmation, ce sont une dizaine d’événements, concerts ou spectacles, plusieurs dizaines de rencontres et d’ateliers, des accueils d’associations et d’artistes en résidence. Pour orchestrer tout cela, même s’il n’aime pas le terme et préfère le verbe « assembler », le directeur de la CP peut compter sur une équipe permanente de vingt-six personnes, auxquelles s’ajoutent des intermittents en fonction des événements. « L’enjeu principal, c’est évidemment la coordination, j’adore travailler et réfléchir avec tout le monde, personne ne doit s’interdire d’avoir des idées, même si on ne les réalise pas toutes ! ».

Prendre de la hauteur mais pas que

C’est pour cela qu’il aime le terme « assemblier » car il exprime à la fois le fait de savoir regarder de très haut pour avoir une vue d’ensemble et prendre de la hauteur mais aussi pouvoir plonger auprès des équipes et travailler concrètement. Il n’a pas peur de mettre les mains dans le cambouis : « Je vous ai déjà dit que j’aime l’artisanat ? », s’amuse-t-il.

Et si lui-même se qualifie de très « bavard » et a toujours de nouvelles idées, il ne s’y accroche pas, « J’ai plein d’idées mais j’accepte qu’elles ne soient pas toutes bonnes et je n’ai jamais aucun souci à développer celles des autres. » Toujours ce goût pour l’échange et le partage qui illustrent bien aussi l’événement le plus emblématique de la Condition Publique, à savoir la Braderie de l’Art. « C’est la seule porte d’entrée de beaucoup de publics. Cette année on va essayer d’intégrer un peu de nouveautés : plus de moments pour confronter ses idées avec un cycle de conférences et de concerts. »

Ismaël est présent à 90 % des événements pour « voir comment ça se passe et c’est là où je suis le plus disponible pour parler » cependant il met un point d’honneur à rentrer et faire à manger à ses deux enfants, qui se baladent régulièrement dans les allées, à l’aise comme des poissons dans l’eau. « Je sanctuarise le temps que j’ai pour mes enfants. »

Son travail le nourrit et le comble mais il fréquente évidemment d’autres lieux culturels, autant qu’il le peut, regrettant parfois qu’il n’y ait pas assez de cases à son agenda !

Crédit Photos : Anais Gadeau, service Communication, ville de Roubaix