Pionnières du tennis à Roubaix : quand les femmes montaient déjà au filet
Publié le 11 juillet 2025|

Le 27 juin dernier, la ville de Roubaix a accueilli une conférence inédite et passionnante sur l’histoire oubliée des premières femmes joueuses de tennis à Roubaix, entre la fin du XIXe siècle et 1945. Organisée en partenariat avec le service des sports de la Ville et le Racing-Club Tennis de Roubaix, cette rencontre a mis en lumière des figures féminines longtemps restées dans l’ombre des archives sportives.
Portée par David Ricart, étudiant en master à la Faculté des sports de l’Université d’Artois, cette étude retrace les parcours de femmes audacieuses issues principalement de la bourgeoisie locale, qui ont pratiqué le tennis bien avant que ce sport ne se démocratise. Parmi elles : Madeleine Masurel, Yvonne et Thérèse Dubrulle ou encore Micheline Inglebert, jeune prodige d’origine modeste qui brilla dès l’âge de 10 ans.
Le Racing Club de Roubaix : berceau d’une pratique féminine encore élitiste
Fondée en 1895, la section tennis du Racing Club devient un lieu d’émancipation pour ces femmes. À l’époque, la pratique sportive féminine reste rare et codifiée, davantage orientée « vers la grâce » que la performance :
“Pour une jeune fille, il est plus important d’être gracieuse et séduisante que de bien jouer sur un court; le marché matrimonial que constitue la pratique du tennis est souvent plus important que le sportif. […] leur tenue est davantage dictée par l’objectif de séduction que par le désir de remporter la victoire”
Laurent Turcot, Sports et loisirs : une histoire des origines à nos jours, Gallimard, Paris, 2016, p.474
En s’appuyant sur des sources issues de la presse sportive régionale et des archives municipales, cette recherche met aussi en évidence les freins sociaux, genrés et culturels, auxquels ces pionnières ont été confrontées. Elle interroge la faible médiatisation du tennis féminin et l’absence de figures de haut niveau avant les années 30.
Une histoire encore à écrire
Si cette conférence a permis d’ouvrir une page méconnue de l’histoire sportive roubaisienne, beaucoup reste à découvrir, notamment sur la période de l’Occupation et les trajectoires personnelles de ces joueuses. Un travail de mémoire que le conférencier souhaite poursuivre dans le cadre de son mémoire de deuxième année de master.