Trois « Stolpertsteine » posés à Roubaix
Publié le 12 mai 2025|

À Roubaix, 85 personnes ont été déportées pendant la Seconde Guerre mondiale. 80 ans plus tard, pour la première fois dans notre ville, l’association LILLE FIVES 1942 a fait poser, à la demande des descendants, plusieurs « Stolpersteine », ces pavés de béton ou de métal, recouverts d’une plaque de métal en laiton, honorant la mémoire des victimes du nazisme déportées dans les camps.
Egalement appelés « Pavés de la mémoire », ces pavés, création de l’artiste allemand Gunter Demnig , sont encastrées devant le domicile de la victime au moment de sa déportation. Y sont indiquées l’identité, la date de naissance, la date de décès ou de retour de déportation.
Les trois premiers pavés ont été posés de jeudi 9 mai pour la famille RABY (Alexandre, Flore et Henry) au 36, boulevard de Cambrai, en présence des descendants de la famille, de personnalités de la ville de Roubaix et des élèves du Lycée Turgot qui avaient pour l’occasion travailler sur l’histoire de ces déportés. Les jeunes lycéens ont rendu hommage à leurs ainés roubaisiens en racontant leur histoire au travers de textes lus et d’une création musicale.


Alexandre, Flore et Henry Raby : l’histoire de 3 déportés roubaisiens
Alexandre Raby, immigré juif né en Russie, était un commerçant roubaisien, installé à Roubaix au début des années 30. La boutique de bonneterie « Chez Flore », du nom de sa fille aînée, s’implante au 20, place de la Liberté. Le fonds de commerce est vendu avec son stock dans le cadre de la politique de dépossession des entreprises appartenant aux Juifs en 1942. Entre temps, Alexandre Rabinovitch a obtenu la modification officielle de son patronyme en « Raby ». Il est arrêté en avril 1943 par un soldat allemand pour « non port de l’étoile ». Ses enfants Flore et Henry, alors âgés de 30 et 21 ans, écrivent en vain à la Préfecture et au maréchal Pétain pour obtenir sa libération. Déporté à Auschwitz depuis Malines (Belgique), Alexandre Raby y est assassiné à son arrivée en août 1943.
Sa femme, Marie, et ses enfants, sont cachés par une famille de Justes, Suzanne Héribel-Mitault et sa fille Madeline Bompais. Flore et Henry Raby sont arrêtés le 19 mars 1944 par la Feldgendarmerie. Ils passent par la prison de Loos puis sont enregistrés à Malines le 26 mai 1944. Ils sont déportés à Auschwitz le 31 juillet 1944. Ils survivent et reviennent à Roubaix en 1945 pour tenter de relancer l’affaire familiale.
Crédit photos : T. Lanoy, service Communication, ville de Roubaix